Le 5 décembre, les agents de la fonction publique ont largement répondu à l’appel à la mobilisation lancé par une intersyndicale pour dénoncer la détérioration de leurs conditions de travail et de rémunération. Selon la CGT, environ 200 000 personnes ont manifesté dans 160 cortèges à travers la France, tandis que les autorités estiment ce chiffre à 130 000 participants.
Une mobilisation marquée par une forte participation des enseignants
Parmi les manifestants, 31 % des enseignants ont cessé le travail, avec un taux de grévistes particulièrement élevé dans les écoles primaires (40 %) et plus modéré dans les collèges et lycées (23 %). Ces chiffres témoignent d’un ras-le-bol général dans l’éducation nationale, où les revendications portent sur les rémunérations insuffisantes et les conditions de travail jugées précaires. Le SNES-FSU, principal syndicat du second degré, avance quant à lui des taux de mobilisation atteignant 54 % dans les collèges et lycées.
Un contexte politique tendu
Cette grève intervient dans un climat politique particulièrement instable, au lendemain de la chute du gouvernement. Les syndicats espèrent ainsi faire pression sur les décideurs politiques pour infléchir les orientations budgétaires de 2025. Mylène Jacquot, secrétaire générale de la CFDT Fonctions publiques, a appelé à une prise de conscience des parlementaires, mettant en avant la nécessité de préserver les conditions de travail des fonctionnaires dans un contexte économique difficile.
Les revendications principales concernent la suppression d’un plan gouvernemental visant à imposer trois jours de carence en cas d’arrêt maladie, à réduire de 100 % à 90 % la rémunération durant ces arrêts, et à supprimer une prime exceptionnelle de soutien au pouvoir d’achat.
Rassemblements et incidents
À Paris, près de 30 000 manifestants se sont rassemblés près du ministère de l’Économie, selon la CGT, bien que les autorités n’en aient comptabilisé que 3 000. Dans plusieurs villes comme Marseille, Lyon ou Dijon, des centaines de personnes ont également manifesté. Cependant, quelques incidents ont été rapportés. À Dijon, un jeune homme a été interpellé pour avoir jeté un projectile enflammé qui a légèrement blessé le proviseur d’un lycée.
Perturbations modérées dans le trafic aérien
La grève a également impacté le secteur aérien, bien que de manière limitée. La Direction générale de l’aviation civile (DGAC) avait demandé une réduction des vols pour la journée, mais les retards constatés dans les principaux aéroports sont restés modérés. À Lille, l’aéroport a temporairement fermé entre jeudi soir et vendredi matin.
Une alerte adressée au futur gouvernement
Cette mobilisation, qui touche particulièrement les secteurs de l’éducation, de la santé et des services administratifs, vise à lancer une alerte en direction des futurs responsables politiques. Alors que le déficit public est prévu à 6,1 % du PIB en 2024, les syndicats dénoncent des économies réalisées au détriment des agents publics, au risque d’aggraver une situation déjà tendue.
En conclusion, ce mouvement témoigne d’une crise profonde dans la fonction publique, reflétant à la fois un mécontentement salarial et un sentiment d’abandon face à des réformes jugées injustes. Alors que la situation politique reste incertaine, ces manifestations constituent une première étape dans une série de mobilisations potentielles en 2025.